
Abdelkader Ould Makhloufi : L’héritage d’un pionnier du noble art algérien
Abdelkader Ould Makhloufi, l'un des plus grands noms de la boxe algérienne, est un symbole de résilience, de discipline et d’ambition. Né le 26 mai 1944 à Boufarik, en pleine guerre d'Algérie, Abdelkader a vécu son enfance dans un environnement marqué par la violence de l'occupation coloniale. Très tôt, il comprend que seule la persévérance et le travail acharné lui permettront de se forger un avenir solide.
Les débuts : du ring de Boufarik à Paris
En 1958, alors âgé de 14 ans, Abdelkader assiste par hasard à un gala de boxe dans sa ville natale. Ce fut une révélation. À cette époque, la boxe et le football étaient les deux sports les plus populaires en Algérie. Inspiré par des légendes comme Joe Louis, Abdelkader s'inscrit dans un club local et commence une carrière marquée par une ascension rapide. Il se distingue rapidement dans les compétitions locales, accumulant les victoires.
L’indépendance de l’Algérie en 1962 marque un tournant pour lui et pour la boxe algérienne. Alors que le pays se réorganise, Abdelkader se sent à l'étroit sur la scène nationale. En 1964, à seulement 20 ans, il s'exile à Paris, où il poursuit sa carrière pugilistique tout en multipliant les petits boulots pour survivre. C'est à Montreuil, dans un célèbre club de boxe, qu'il s’affirme comme un talent à suivre, accumulant les combats et forgeant sa réputation.
Une carrière professionnelle brillante mais semée d’embûches
Le parcours professionnel d’Abdelkader Ould Makhloufi s’étend sur une période allant de 1966 à 1977, durant laquelle il dispute 58 combats, remportant 49 victoires, concédant 1 nul et subissant 8 défaites. Son talent le mène à affronter des champions de renommée internationale. En décembre 1973, à Alger, il devient le premier champion d’Afrique en battant le Ghanéen Joe Tetteh pour la ceinture continentale de l’ABU (African Boxing Union), un titre qu'il conservera durant quatre années consécutives.
Mais sa carrière prend un tournant décisif en 1975, lorsqu’il est désigné challenger pour le titre mondial WBC face au champion japonais Kuniaki Shibata, à Tokyo. Ce combat, bien qu’héroïque, se termine par une défaite pour Abdelkader, faute d’un soutien logistique et financier suffisant. Cette désillusion rappelle celle de son compatriote et ami Loucif Hamani, qui subit une défaite écrasante face à Marvin Hagler en 1980, malgré les avertissements de Makhloufi.
La retraite et l’héritage
Après sa retraite en 1977, Abdelkader n'a jamais quitté le monde de la boxe. Il a travaillé au sein de la Fédération algérienne de boxe en tant que cadre, puis a occupé plusieurs postes d’entraîneur et de conseiller technique. Il a également œuvré au développement du noble art au sein de l'Amicale des Algériens en Europe, une organisation à laquelle il est resté fidèle pendant de nombreuses années.
Mais le combat d’Abdelkader ne s’est pas limité au ring. Il a souvent dénoncé l’instabilité et le manque de soutien dont souffre la boxe algérienne, plaidant pour une réforme profonde et une meilleure formation des entraîneurs. « La boxe n’est pas une théorie, c’est un échange de coups », disait-il souvent pour illustrer l'importance de l'expérience pratique dans l'encadrement des jeunes boxeurs.
En parallèle de sa carrière sportive, Abdelkader Ould Makhloufi a pris la plume pour raconter son parcours dans un ouvrage autobiographique intitulé Mémoires d’un boxeur algérien, publié en 2015. Ce livre de 370 pages retrace son ascension, ses combats, et ses réflexions sur le monde de la boxe, tout en partageant des anecdotes poignantes sur la guerre d’Algérie et ses engagements personnels.
Une vie marquée par les épreuves
Ces dernières années, Abdelkader a traversé des moments difficiles. La perte tragique de son fils a laissé une cicatrice profonde qu’il peine à refermer. En 2024, à l’âge de 80 ans, après une grave hospitalisation qui a suscité de vives inquiétudes au sein de la communauté sportive, il s'est rétabli, exprimant une immense gratitude envers ceux qui l'ont soutenu durant cette épreuve.
Malgré son âge et les défis de la vie, Abdelkader Ould Makhloufi reste un pilier du sport algérien. Ses analyses d’expert continuent d'influencer les discussions autour de l’avenir de la boxe en Algérie. Cependant, il n’hésite pas à exprimer son désarroi face au manque de vision stratégique et aux subventions limitées qui freinent le développement de la boxe dans son pays natal. Toujours aussi engagé, il milite pour une révision des politiques sportives et une meilleure intégration des compétences dans les instances décisionnelles.
Conclusion : Le champion éternel
Aujourd’hui, Abdelkader Ould Makhloufi demeure une figure emblématique de la boxe algérienne et africaine. Son héritage, tant sportif qu’humain, résonne dans chaque salle de boxe où les jeunes athlètes aspirent à suivre ses pas. Sa carrière, faite de triomphes et de désillusions, est le témoignage d’un homme qui a toujours refusé de céder, même face aux épreuves les plus difficiles.
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