Larry Holmes : Retour sur la légende du poids lourd et son jab inégalé pour ses 75 ans

Publié le 3 novembre 2024 à 16:07

Larry Holmes, un Roi Sans Couronne - 75 ans de Gloire et d’Ombres

Le 3 novembre 2024, Larry Holmes célèbre ses 75 ans. Ce nom, inscrit à jamais dans l’histoire de la boxe, évoque non seulement un champion d’une rare longévité mais aussi une figure marquée par des combats de légende, des controverses et un jab devenu mythique. "L’assassin d’Easton", comme il fut surnommé, a régné sur la catégorie des poids lourds durant les années 1978 à 1985, accumulant 20 défenses de titre et forgeant une carrière marquée par l’adversité et la persévérance. Pourtant, Holmes est resté dans l’ombre de ceux qu’il a affrontés ou succédé, des légendes comme Muhammad Ali et Mike Tyson. En cette année de ses 75 ans, il est temps de rendre hommage à ce champion trop souvent oublié du grand public, mais inoubliable pour ceux qui le connaissent.

L’Arme Suprême : Son Jab

Parler de Larry Holmes, c’est évoquer ce jab du gauche chirurgical, le plus précis et le plus percutant de l’histoire de la boxe poids lourds. "Mon jab est mon arme, et je l’ai poli comme un diamant", disait-il souvent. Peu de boxeurs ont réussi à contrer cette attaque constante, qui lui servait de bouclier et d’épée. Le jab de Holmes était si dévastateur qu’il pouvait maintenir ses adversaires à distance tout en les affaiblissant peu à peu, ronde après ronde. Même son idole et mentor Muhammad Ali l’a reconnu comme le maître du jab, une technique qu’il avait pourtant lui-même élevée au rang d’art.

L’Ascension d’un Oublié : Des Rues d’Easton au Trône des Poids Lourds

Holmes n’a pas grandi dans le confort ; il est issu d’un milieu modeste de Cuthbert en Géorgie, avant de s’installer à Easton, en Pennsylvanie. Très jeune, il enchaîne les petits boulots pour soutenir sa famille, cireur de chaussures ou encore laveur de voitures. Mais la boxe devient rapidement son échappatoire. "Pourquoi pas moi ?", se demande-t-il alors qu’il fait office de sparring-partner pour des géants tels que Ali, Joe Frazier et Earnie Shavers. En 1978, après avoir accumulé 26 victoires sans défaite, Holmes reçoit enfin une chance mondiale contre Ken Norton pour le titre WBC.

Le 9 juin 1978 au Caesar’s Palace de Las Vegas, Holmes décroche la ceinture dans un combat d’anthologie. La quinzième reprise est gravée dans les mémoires comme l’une des plus intenses de l’histoire. Il remporte le titre par décision partagée, sous les ovations d’un public incrédule. Larry Holmes devient alors le roi des poids lourds, mais un roi dont le règne sera souvent remis en question par la presse et le public.

Un Champion dans l’Ombre des Légendes

Le succès de Holmes ne lui assure cependant pas la reconnaissance qu’il mérite. Contrairement à Ali ou plus tard à Mike Tyson, Holmes peine à susciter l’enthousiasme. Son style, méthodique et efficace, manque peut-être du spectacle attendu. "On m’a toujours dit que je n’étais pas assez spectaculaire", confiait-il. Mais son attitude pragmatique et sa résilience en faisaient pourtant un champion redoutable.

Le 2 octobre 1980, il affronte Muhammad Ali dans ce qu’on appellera "The Last Hurrah". Holmes, qui respectait immensément Ali, se retient de l’humilier davantage. Il remporte le combat dans un sentiment de déchirement, conscient que la maladie de Parkinson guettait déjà le plus grand de ses modèles. "Je ne voulais pas le blesser, mais je devais gagner", dira-t-il, les larmes aux yeux. Cette victoire, bien que douce-amère, reste l’un des moments les plus controversés de sa carrière et peut-être la raison pour laquelle il n’a jamais reçu la place qu’il estimait mériter.

La Quête Inachevée : Battre le Record de Marciano

En 1985, Larry Holmes se retrouve à un pas d’égaler le record de Rocky Marciano : 49 victoires consécutives. Son obsession pour ce record le conduit à affronter Michael Spinks, un poids mi-lourd qui fait son entrée chez les lourds. Dans un combat intense et marqué par des décisions controversées, Holmes subit sa première défaite professionnelle. L’amertume est telle qu’il déclarera après la défaite : "Rocky Marciano n’aurait pas tenu une minute contre moi." Une déclaration qui lui vaudra l’hostilité de nombreux fans de boxe.

Quelques mois plus tard, dans un combat revanche, Spinks l’emporte à nouveau par décision partagée. Pour Holmes, cette défaite marque une fracture. Trois jours plus tard, il annonce son retrait du ring, déçu par le manque de reconnaissance et l’injustice ressentie.

Le Grand Retour : L’Épreuve Tyson et le Défi Holyfield

Holmes revient en 1988 pour affronter Mike Tyson, le nouveau champion incontesté, connu pour sa férocité. À 38 ans, Larry Holmes est en quête de rédemption, mais Tyson, dans sa pleine gloire, le met KO en quatre rounds. Ce fut la première et unique fois que Holmes fut mis KO en carrière, une défaite cuisante mais respectée.

Trois ans plus tard, Holmes, toujours assoiffé de gloire, décroche un combat pour le titre contre Evander Holyfield. À 42 ans, il perd par décision unanime mais reste indéniablement compétitif face à un champion de la nouvelle génération. Ce combat prouve sa détermination et sa capacité à défier les années.

Holmes, le Champion Oublié

Au crépuscule de sa carrière, Holmes continue de boxer jusqu’en 2002, remportant ses derniers combats face à des adversaires de moindre envergure. Son dernier combat à 52 ans contre Eric Esch, connu sous le nom de "Butterbean", se conclut par une victoire. Holmes s’éloigne alors définitivement du ring, sans avoir jamais reconquis un titre mondial, mais en laissant derrière lui une empreinte indélébile.

Pourquoi Larry Holmes n’a-t-il jamais eu le statut légendaire de ses contemporains ? Peut-être parce que son règne s’est situé dans une période de transition, entre la fin d’Ali et l’ère Tyson. Peut-être aussi parce qu’il n’a jamais cherché à plaire, préférant un style efficace et sans fioritures. Pourtant, ses accomplissements restent parmi les plus impressionnants de l’histoire des poids lourds. Avec 20 défenses de titre, un règne de plus de sept ans, et un jab reconnu comme le plus puissant de l’histoire, Larry Holmes est, sans aucun doute, l’un des champions les plus sous-estimés de tous les temps.

En guise de conclusion

Aujourd’hui, Larry Holmes vit sereinement, loin des projecteurs mais proche de ses fans, qui, eux, n’ont jamais douté de sa grandeur. À 75 ans, il est grand temps de rendre hommage à cet homme qui, par son courage et sa détermination, a gravé son nom dans les annales de la boxe. Il est le symbole d’une époque et d’une mentalité où le travail acharné et la discipline priment sur la gloire instantanée.

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